Ni le jeu de l’offre et de la demande qui constitua le capitalisme, ni le principe des nationalités qui a créé notre paix armée, ni la guerre de classes, par laquelle les masses insurgées répondent au capitalisme affameur, ne sauraient répandre dans le monde moderne une atmosphère de bergerie’ Nous en serions plutôt repoussés chez les loups insociaux et contraints de vivre, par catégories de classes ou de races, selon la coutume des loups. Le vernis héréditaire des mœurs s’écaille peu à peu, les survivances des traditions générales s’effacent et les statistiques de la criminalité montrent ce qui en découle inévitablement.
Les différences de classes sont plus marquées qu’il y a un demi-siècle, l’arrogance et le despotisme des autorités seraient plutôt en voie de grandir. Ce qui manque, c’est, dans les esprits dirigeants, cette lumière qui est le signe de leur droit de conduire. Les chefs subsistent et leur pouvoir augmente, mais ce sont des chefs barbares livrés aux impulsions de la passion ou de l’intérêt. Ils commandent, ils conduisent, car leurs troupes le veulent, mais ils commandent mal et conduisent de travers, faute d’avoir appris.
Ils sont donc, eux aussi, plus encore que ces masses prolétariennes pour lesquelles on simule un intérêt si vif, ils sont de véritables déshérités.
Le trésor intellectuel et moral dont il leur appartenait de recueillir l’héritage a été dédaigné et finalement s’est perdu. Ainsi en disposa l’esprit de la démocratie libérale qui a désorganisé le pays par en haut ; empruntant la voix du progrès, feignant de posséder les promesses du lendemain, il a fait abandonner le seul instrument de progrès, qui est la tradition, et la seule semence de l’avenir, qui est le passé.