Ses commencements, il ne les avait pas oubliés. La noblesse de sa famille, ne lui en imposait pas, bien qu’elle fût assez authentique et qu’il dût en tirer plus tard une certaine vanité pour se défendre d’être un parvenu. Voyons. Charles-Marie Bonaparte, son père, vaguement homme de loi, est un pauvre gentilhomme chargé d’enfants. Napoléon sera le petit Poucet de cette famille nombreuse. On vit chichement à Ajaccio de quelques terres et d’espoirs dans une plantation de mûriers. On compte sur les cadeaux et sur l’héritage de l’oncle Lucien, l’archidiacre, qui a des économies. En 1776, Charles Bonaparte se fait délivrer un certificat d’indigence attestant qu’il n’a pas les moyens d’instruire ses fils. Pour son avant-dernier voyage sur le continent, il empruntera au gouverneur Beaumanoir vingt-cinq louis qui ne seront remboursés que par le premier Consul. Voilà d’où l’on est parti.