Nous en reparlerons par la suite. Mais dès le début, dès les premiers jours qui suivirent le Conclave de 1958, Angelo Giuseppe Roncalli le savait: bien qu’il soit le “chef”, il devait tenir compte des “autres” de la Curie romaine en général, de la Secrétairerie d’État, du Saint-Office… et ainsi de suite jusqu’au bas de l’échelle, jusqu’aux humbles masses catholiques imbues de contre-réforme et de tradition; il devait les amener à changer, à “aggiornare”; mais, pour ne pas faire naufrage, sa manœuvre hardie aurait à éviter les heurts.
Voilà pourquoi dans le précédent numéro j’ai résumé ainsi la stratégie roncallienne: pour obtenir le consentement de la Curie et du Saint-Office, leur donner une illusoire liberté d’action; pour obtenir le consentement des fidèles, créer le mythe du “bon Pape”; pour obtenir le consentement de l’épiscopat, créer le mythe (un autre) de l’inspiration prophétique du Concile. Cette hypothèse peut sembler hasardeuse à certains lecteurs, laissez-moi donc donner les preuves de ce que j’avance.