Mais, surtout, ne supposons pas qu’elle doive jamais devenir assez claire pour commander et régner seule. Le sort de l’Assemblée de 1871 avertit que nous ne sommes pas un pays d’opinion gouvernante. Pure, droite, patriotique, l’opinion française livrée à ses éléments propres est vouée aux déchirements. Mais, de le bien sentir, peut venir le salut. Et, à vrai dire, il vient. Ce que peut créer, ce que crée déjà la renaissance d’un véritable esprit public c’est la vue précise, la pensée clairvoyante de son centre et de ses limites. On revient à cette pensée avec netteté et courage. Comme dans le discours de Ronsard sur les misères de ce temps, on refuse d’admettre que nos longs efforts historiques soient avortés, que la fin de la France approche et que tant de héros et de princes, de citoyens et de soldats aient travaillé, peiné, combattu inutilement.
La nouvelle génération, surtout, s’est révoltée contre la résignation à la mort ; elle ouvre de grands yeux sur les enchaînements de causes et d’effets qui ont amené nos malheurs, et la leçon comprise semble devoir être appliquée. Au surplus, la génération antérieure défend avec mollesse l’erreur dont elle fut bercée et, quand elle s’entend âprement reprocher d’avoir élevé sur le trône ou scellé sur l’autel la statue de la Division, l’idée de la Querelle, la notion du Parti, elle cesse de se vanter, comme jadis, d’avoir fait un pas mémorable sur la barbarie des vieux âges : elle tombe d’accord que l’idole était un faux dieu et que les Maîtres avaient raison d’en attendre bien des malheurs. La seule excuse offerte consiste à alléguer que le mal est fait sans remède.